Créer des boîtes aux lettres métal, en bois, en carton, dans une boîte à chaussures, pendues à des fils de pêche, des ceintures de peignoir… étant petite, tout était possible pour faire transiter mes lettres.
Je ne sais pourquoi, mais j’ai toujours été heureuse d’ouvrir ma boîte aux lettres et d’y découvrir des papiers qui m’étaient destinés. Je crois que ma passion pour les lettres papier remonte à l’école primaire. Mes amies et moi nous échangions des lettres colorées, parfumées dans lesquelles nous nous racontions à quel point nous nous aimions. Je me souviens même d’avoir déposé en main propre une de mes lettres dans la boîte aux lettres de Marie, qui était alors ma meilleure amie. Je prenais mon vélo, je parcourais les routes de campagne jusqu’à chez elle et déposais ma lettre. Ne vous imaginez pas la petite Margaux parcourant des villes… je restais dans mon village. Sinon, tout transitait par l’école à l’époque. (École de Teurthéville, plaque tournante du courrier attention)
Depuis, j’ai toujours aimé le papier, sa texture douce ou recyclée selon son type, son odeur selon son âge, l’encre qui y coule selon les stylos, et les écritures qui le parcourent… parfois droites, tremblotantes, maladroites, en pattes de mouche ou bien rondes. Ce bonheur de recevoir des lettres est resté encré à travers les années. Quand j’étais chez moi et que ma famille venait à la maison, je plaçais une boîte sur le comptoir de la cuisine, à côté de la porte d’entrée. Je ne sais pas ce que j’y attendais. Un petit coucou, un feedback sur l’accueil sait-on jamais ! Je n’avais pas d’objectif précis, je voulais juste avoir le plaisir d’ouvrir la boîte et d’emporter mes lettres.
Au collège et lycée, j’ai décidé de franchir d’autres frontières. Mes lettres sont parties à l’étranger. Elles ont commencé leur route vers le Japon, où j’y ai rencontré un nommé L. Takeda. Ses lettres étaient colorées, fun avec des grenouilles. Il prenait soin d’assortir le papier à l’enveloppe. Son écriture était bien cadrée, impeccable, sans ratures et sa lettre se terminait par un dessin. Pourtant, nous parlions en anglais par Skype, on découvrait nos maisons et familles respectives. La lettre a toujours primé. Ensuite, mes lettres sont parties aux Etats-Unis, où une maman m’envoyait des photos de sa maison, à la campagne. Au Ghana, ou nous correspondions en français. En Australie, où le papier était recyclé, tâché de café et décoré de portraits dessinés les yeux fermés. Aujourd’hui, mes lettres transitent en Russie et au Sri Lanka, pays où vivent Ivan et Ramesha. Leurs lettres traversent les années. Nous partageons nos points de vue sur les régimes politiques, nos traditions, nos sucreries par colis. Malheureusement, nous ne nous sommes jamais rencontrés (occasion manquée pour Ivan car je suis tombée malade). Nous ne nous sommes jamais rencontrés, et pourtant, je les considère comme des amis proches que je garderai au fur et à mesure des années.
Et bien qu’elles passent les frontières, mes lettres sillonnent également la France. Depuis maintenant 7 ans, elles suivent Thomas en montagne, en Autriche, en Allemagne, à Strasbourg, même si j’avoue qu’elles deviennent presque inexistantes par ma faute et mon train train quotidien parisien. Littérature, politique, voyages, nos lettres pourraient constituer un recueil. Des lettres aux nombreuses pages, des phrases dignes d’un écrivain. Voilà maintenant 7 années qu’elles le suivent, mais 2 années qu’elles s’essoufflent, et ce pour l’ensemble de mes correspondances. J’ai commencé à travailler et étudier en même temps, j’ai déménagé à Paris, et aujourd’hui, seuls mes magazines Archeologia et l’Histoire remplissent ma boîte aux lettres.
Mais croyez-moi, la boîte aux lettres restera à jamais sacrée ! ♥️
No Comments