Escapade en 4×4 dans la jungle, masques à gaz et lampes frontales, il y a 2 ans, nous réalisions l’ascension du Kawah Ijen de nuit.
Le Kawah Ijen est un cône appartenant au volcan Ijen, encore actif en Indonésie. Situé sur l’île de Java, il possède le lac de soufre le plus acide au monde. D’ailleurs, il est célèbre pour ses fumées bleues produites la nuit et ses porteurs de soufre.
En 2015, Rémi et moi avons décidé d’effectuer son ascension de nuit. En voici le récit et quelques conseils pour programmer votre voyage.
Récit détaillé de l’ascension : de Yogyakarta au sommet du Kawah Ijen
De Yogyakarta à Banyuwangi
Tout d’abord, il faut savoir que nous nous sommes un peu compliqué la vie pour nous y rendre. Nous étions la veille à Yogyakarta, dans le centre de Java. Intelligents que nous sommes, nous avons pris un avion pour Bali, puis avons atterri au sud de l’île. A l’aéroport, nous avons dès notre arrivée réservé les services d’un chauffeur privé pour nous ramener à l’extrême nord de l’île : le port de Gilimanuk.
Ainsi, nous avons pu embarquer sur un bateau public, qui se rendait à l’extrême sud de Java. Ne soyez pas impatients, dans le port, c’est la grande chasse à la place ! Notre trajet, qui ne devait durer que 30 min, s’est donc éternisé. Arrivés sur place, nous avons pris un « Taksi » 🚕 jusqu’à notre hôtel : Hotel Blambangan (29€ la nuit) depuis lequel nous avons pu réserver l’expédition. Je tiens à vous signaler que même si notre trajet « aller » semble long, notre retour s’est paré d’une touche « dangereuse » puisque nous sommes montés dans un bus, qui est monté sur un bateau, bus qui roulait n’importe comment, et bus qui nous a abandonné au beau milieu de nulle part à Bali.
De Banyuwangi au Kawah Ijen
Aux alentours de minuit, le 4×4 qui devait nous amener au pied du volcan nous attendait. Ce voyage, je m’en souviens comme si c’était hier. Il faisait nuit, il pleuvait, on ne voyait presque rien, hormis les feux du véhicule. On roulait sur une route si étroite qu’on espérait ne croiser aucune voiture sur le chemin. Et, plus nous avancions dans la jungle, plus les bruits des animaux étaient forts. Je n’avais jamais pu entendre ces bruits là avant ce voyage. Nous montions en lacets sans nous arrêter, le 4×4 avait un peu de mal, et lorsque nous sommes arrivés au sommet, seul notre guide francophone nous attendait. Avant le départ, nous avons pris le temps de boire un café. ☕
L’ascension vers le sommet
A 1h du matin, top départ, nous allumons nos lampes frontales. Pour être sincère avec vous, c’était dur mentalement de grimper sans réellement voir où nous marchions, et surtout, de sentir le dénivelé augmenter, sans savoir où nous nous situions par rapport au sommet. Il faisait assez froid (je vous conseille donc d’emmener un pull ou ciré avec vous), nous croisions des porteurs de soufre qui portaient jusqu’à 100kg de minerais sur leurs épaules.
Arrivés au sommet, il était déjà l’heure de mettre nos masques à gaz pour entamer la descente du cratère. Nous croisons des aventuriers motivés cherchant déjà à remonter le cratère alors que nous descendions à peine. L’odeur, malgré le masque, était désagréable, et la fumée irritante pour les yeux. En bas, les porteurs nous font porter les blocs de soufre, que je n’ai même pas réussi à soulever. Les fumées bleues sont incroyables. Presque irréelles. Les voyageurs ne font pas de bruit et regardent ensemble les fumées. Vous savez, c’est aussi troublant que lorsqu’on se force à garder les yeux ouverts dans le noir pour n’y voir qu’une seule lumière et rien autour.
L’escapade imprévue : toujours plus haut, toujours plus fort !
Aux alentours de 2 h, alors que je pensais l’ascension terminée, notre guide nous emmène derrière le volcan, encore un peu plus haut. Au sommet, nous distinguons trois murs de béton qui nous permettent de nous isoler pour la nuit… puisque oui, nous allons attendre le lever du soleil. Croyez-moi, ces deux heures ont été réellement longues. J’avais froid, Rémi encore plus. Ce qui me fait encore rire aujourd’hui, c’est que Rémi s’était mis face au mur, dans un coin et dormait debout. Du coup, j’étais un peu seule à attendre. Je me baladais donc dans le noir, me faisant quelques frayeurs lorsque j’allais trop loin. Sacrée imagination. En y repensant, ça ressemblait presque à une scène de film d’horreur.
Plus les minutes sont passées, et plus les voyageurs nous ont rejoint. Ensemble, nous allumons un feu pour nous réchauffer (notons que les indonésiens sont friands de bouteilles en plastique). Tout le monde s’y rassemble. Comme quoi, le feu est vraiment vecteur de sociabilité. On se sourit les uns les autres, on discute et regarde le soleil se lever sur la jungle, les bruits s’intensifier. Le ciel est orange, puis d’un jaune éclatant. Le cratère, lui, nous offre une palette de couleurs magnifique : du bleu turquoise, du violet, du orange. Là-haut, même avec mon téléphone, j’y ai fait mes plus belles photos. On y reste quelques heures et entamons la descente, si pentue qu’on irait presque en courant (involontairement…à vos risques et périls 😉).
Ce voyage s’est organisé au jour le jour et pourtant, il est l’un des plus beaux ! Pour rien au monde je changerai l’organisation de cette ascension. Grimper la nuit était parfait malgré la fatigue qui s’est faite ressentir le lendemain. Pour cette expédition, je vous conseille donc de bloquer deux bonnes journées/ nuits dans votre planning.
A emmener avec vous :
- Un coupe-vent (lien vers le mien si mon super coupe vent rose pétant vous intéresse -> idéal si vous souhaitez éviter de vous perdre. Sincèrement ce coupe-vent, pas cher du tout, a été un compagnon précieux pendant ce voyage)
- Une lampe frontale
- Des chaussures de randonnée (lien vers mes Aigle, qui avaient 20 ans puisqu’elles étaient à ma mère. Depuis, j’ai investi dans les miennes.)
- Un masque à gaz vous est fourni
- Une veste polaire avec col (ce que je n’ai pas fait et ai regretté)
- De quoi grignotter
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